Témoignages de la journée du 17/11/2017

  • Par gaic
  • Le 28/11/2017

Rencontre annuelle du GAIC à Toulouse le 18 novembre 2017

 

Plus de 100 personnes étaient réunies dont plusieurs venaient au GAIC pour la première fois.

 

La rencontre se déroulait à la salle de la Fourguette route de Seysses.

 

Apres un repas très convivial, grâce aux plats que chacun avait apportés, nous avons entendu deux conférenciers nous parler du rapport à la fragilité pour eux et leur association pendant environ 15 minutes chacun.

 

Le Coran et l’Evangile, les livres saints de nos religions respectives sont exposés. Le père Rouchi nous décrit la gravure de la rencontre de St François d’Assise et du Sultan d’Egypte : au lieu d’y trouver le martyre, St François repart avec des cadeaux !

 

Jacques nous parle de la magnifique peinture accrochée au mur, qui représente des œufs à peine protégés dans leur étui : malgré leur fragilité ils sont le signe de la vie ! Il nous rappelle la fragilité au travail et l’obligation des employeurs d’adapter le poste de travail aux travailleurs.

 

 

 

Intervention témoignage d’Erik Pillet

 

 

Erik Pillet, directeur de l’Arche en Pays Toulousain, a brièvement présenté l’Arche, association mondiale, créée en 1964 par Jean Vanier, qui permet à des personnes avec et sans handicap de vivre ensemble en communauté.

L’Arche a pour vocation de « poser un regard qui relève » sur chacun, et dire « tu es plus beau que tu n’oses le croire ». 150 communautés existent de par le monde ; au départ sur un engagement au nom de l’Evangile, elles accueillent chacun dans le respect de sa religion et tradition. Il existe entre autres des Communautés en pays musulmans : Jordanie, Egypte , Palestine, Liban, Syrie…

L’association à Blagnac a été ouverte en 2012 et réunit 60 adultes. Les activités sont principalement le maraichage bio et le restaurant. Chacun y est convié ! Il est recommandé de réserver au 05 62 87 11 20 (2 rue du Dr Guimbaud, accessible par tram ou bus 70). Des séminaires d’entreprise y sont aussi organisés.

Erik nous parle d’un lieu d’unification, entre vie professionnelle, personnelle et spirituelle. Toutes les relations parlent de spiritualité. Les relations à l’Arche sont réciproques : chacun amène qui il est. Le handicap n’est pas une maladie, le handicap est irréparable. Les personnes avec handicap ne le cachent pas ; les personnes « sans handicap » se retrouvent face à leurs propres fragilités. C’est un piège contre l’authenticité de se cacher derrière ses masques de perfection.

La fragilité est une terre de croissance humaine. Quand un membre de la communauté dit « moi seul pas capable », c’est un appel à reconnaitre nos besoins pour chacun d’entre nous. Par opposition à des relations calculées, ou chacun attend un retour, la fragilité nous permet des relations authentiques.

Erik nous cite le théologien anglican David Ford : « la sagesse chrétienne, c’est la rencontre de deux cris : celui du pauvre et celui de Dieu ».

Les Chrétiens professent un Dieu fragile, un Dieu sur la Croix, un Dieu de tendresse. Et de la mort, de la fragilité surgit la vie, la Vie.

Le handicap est évidemment un scandale. Mais avec nos fragilités, nous pouvons accéder à l’appel de Dieu qui nous relève.

 

 

 

Intervention-témoignage d’Estelle Zuelly

 

 

 

Estelle Zuelly, médecin spécialisée en micro nutrition est membre de l’Association Internationale Soufie Alâwiyya et de l’association Thérapie de l'Ame. En quelques mots, l’Association Internationale Soufie Alâwiyya est une ONG avec statut consultatif auprès de l’ONU, et a pour objet de travailler pour le vivre ensemble, avec la Terre, pour la communication, contre la radicalisation et pour la promotion d’un Islam apaisé.

L’association Thérapie de l'Ame promeut l’éducation à la paix, par la pratique des « cercles des qualités et des vertus » dans la tradition musulmane. Les Cercles nourrissent la manière d’entrer en relation. Nous sommes tous à la même distance du centre ; pour parler à la personne en face, il faut passer par le centre, image de l’Absolu. Dans un cercle, je suis aussi le premier, le dernier, le fragile ou le moins fragile. « Tu as ce que je n’ai pas, j’ai ce que tu n’as pas ». Les participants ne sont la ni pour dominer ni être dominé.

Estelle est confrontée à la fragilité des patients qui viennent dans des situations difficiles. Elle ne se positionne pas comme le médecin tout puissant, mais en écoute, même si l’autre est dérangeant. C’est l’expérience du Divin qui prend la place. De la fragilité va naitre la solution pour chacun. C’est aussi une expérience d’espérance : quand on bloque sur un problème, la solution ne vient pas ; c’est la foi qui permet l’ouverture, qui fait place à la guérison.

La Miséricorde divine implique le secours, la bienveillance, la solidarité. C’est une dimension indispensable dans la société musulmane. Le Coran cite à de nombreuses reprises la bienveillance pour la fragilité, en particulier vers les orphelins, et l’obligation quand on peut de reverser un revenu à ceux qui en ont besoin.

Estelle nous partage son histoire personnelle, d’une famille multiconfessionnelle, et son expérience d’un an dans un quartier populaire de Fez. Elle y a vu une forme d’institution, dans le naturel des femmes qui organisent les repas pour les plus pauvres du quartier.

Elle nous cite la phrase qui continue de la marquer « les Prophètes n’ont pas eu des vies heureuses, mais ils vivent en Dieu et transforment les épreuves. » La foi aide aussi à accepter nos propres fragilités, à la manière des vases chinois, réparés à l’or fin, qui deviennent de plus en plus précieux à mesure qu’ils se cassent et qui petit à petit se recouvrent de fils d’or.

 

 

 

 

 

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

 

 

 

 

Merci Erik et à Estelle pour leur témoignage et à Agnès pour ce compte rendu.

 
×